Être jeune, être Vieux: une comparaison intergénérationnelle des représentations sociales

NÉSTOR ROSELLI

Marseille

Conferencia; 13e Conférence Internationale sur les Représentations Sociales (CIRS); 2016

Université Aix-en-provence/Marseille

L?étude cherche à confronter la représentation que les jeunes ont de la jeunesse et de la vieillesse, avec celle des personnes âgées. Pour cela on demandait à 148 étudiants universitaires d?Argentine et à 96 personnes de plus de 65 ans du même niveau social que les étudiants cinq associations libres sur ces deux âges de la vie : ?jeune? et ?vieux?. Ces associations libres ont été catégorisées d?après une correspondance sémantique. On a fait une analyse de la fréquence statistique de ces catégories sémantiques et une analyse de correspondances multiples pour déterminer les deux facteurs principaux et les ?clusters? ou groupes des sujets d?après la similitude des réponses.Le croisement des vues entre les jeunes et les vieux apporte des conclusions intéressantes. En général les jeunes ont une image plus réaliste et objective d?eux-mêmes, centrés sur des aspects concrets : le divertissement, les amis et les relations affectives et sexuelles. La représentation que les plus âgés ont des jeunes est très subjective et idéalisée ; elle ignore complètement les aspects concrets que les jeunes mettent en priorité, de même que la dimension conflictuelle (que les jeunes, eux, reconnaissent). On constate aussi des références altruistes envers les jeunes: vouloir les protéger et les orienter dans son inexpérience.Avec les images croisées sur la vieillesse on constate aussi un décalage significatif. Les jeunes insistent sur la catégorie famille et la jouissance de la retraite et le repos, qui ne sont pas significatives pour les personnes âgées. Pour les jeunes la sagesse qu?on reconnait aux vieux a trait aux expériences vécues au long des années ; pour les vieux avec une sorte de réflexion existentielle et même philosophique. Pour les jeunes l?aspect négatif est associé à la maladie, la détérioration physique, la dépendance et le sentiment de nostalgie et mélancolie pour le passé, alors que les vieux mettent l?accent sur la détérioration plutôt psychique et sociale : l?abandon, l?oubli et la solitude, et dans ce sens ils plaident pour une attitude d?attention et accompagnement. Évidemment, quand il s?agit de rendre compte de sa propre situation, les vieux sont plus réalistes que les jeunes, dans le sens que leur subjectivité est ici bien réelle : la reconnaissance d?une situation de vulnérabilité, liée surtout à la dépendance et l?abandon.En conclusion, en parlant des jeunes et des vieux, l?mage la plus réaliste et la moins déformée est celle qu?on a de son propre groupe d?âge. En revanche, il paraît y avoir une difficulté pour se mettre dans la peau de l?autre, c?est-à-dire pour voir l?autre d?après sa perspective et non pas d?après la nôtre. Les conséquences pour un véritable dialogue intergénérationnel sont bien évidentes. Peut être que la manière la plus efficace pour assurer une compréhension réciproque est de pouvoir intégrer les deux perspectives : la nôtre et celle des autres. Nous voyons des choses que les autres ne voient pas, et les autres perçoivent en nous des choses dont nous ne sommes pas conscients.