IDH   23901
INSTITUTO DE HUMANIDADES
Unidad Ejecutora - UE
congresos y reuniones científicas
Título:
Le concept de lecture chez Pierre Bayard. Entre la critique rhétorique-déconstructionniste et la psychanalyse de la lecture
Autor/es:
GARAYALDE, NICOLÁS
Lugar:
Reims
Reunión:
Seminario; Séminaire Approches Interdisciplinaires et Internationales de la Lecture; 2017
Institución organizadora:
CRIMEL - Université de Reims
Resumen:
Il y a quelques années, Marc Escola a remarqué que l?on peut « percevoir comme un changement de paradigme dans le champ actuel des études littéraires, dont témoignent concurremment les propositions de théoriciens aussi différents que P. Bayard, J. Dubois ou Y. Citton ». Au-delà de la certitude ou pas d'une telle affirmation, il me semble évident qu?il s?est produit en France, pendant les deux dernières décennies, un retour sur la réflexion théorique et sur le travail critique dans le champ des études littéraires. Théorie des textes possibles, interprétations multiples, postextualisme : tels sont quelques symptômes d?un renouvèlement conceptuel qui s?est intéressé notamment à l?acte de la lecture. Cela n?est pas fortuit. Tel que le disait Paul de Man, la théorie littéraire n?est qu?une théorie de la lecture.Si on voulait comprendre ce renouvèlement théorique, il faudrait donc interroger la notion de lecture que l?on peut trouver chez les théoriciens français contemporains.Dans le cas de Pierre Bayard, il me semble que le concept de lecture s?établit à partir d?un carrefour entre la psychanalyse et la déconstruction.D?un côté, Bayard se sert de la psychanalyse, par la voie d?une problématisation de la psychanalyse appliquée, pour mettre en évidence le rôle du sujet de la lecture et de son inconscient durant la lecture. Ainsi, le sujet ne lit pas tant le texte que lui-même. Cependant, en attirant l?attention sur la nature divisée et plurielle du sujet, Bayard nous apprend qu?il est impossible de se lire et de s?écrire. Dans ce sens, la lecture devient une tentative incessante et échouée de l?écriture de soi. Autrement dit, la lecture, c?est la non-lecture du texte et de soi.D?un autre côté, on devine la déconstruction derrière les opérations critiques de Bayard, bien qu?il ne fasse jamais mention ni de Jacques Derrida, ni des auteurs de la École de Yale (Paul de Man, Hillis Miller, Geoffrey Hartman, Harold Bloom). Dans des essais tels que Le paradoxe du menteur, Proust et la digression ou Enquête sur Hamlet, on peut repérer des opérations critiques qui mettent en scène des apories résultant des tensions entre la grammaire et la rhétorique. Ces apories marquent l?impossibilité de prendre une décision face à deux ou plusieurs sens contradictoires et également valides. Par conséquent, à l?instar de Paul de Man, chez Bayard la lecture consiste à une expérience d?indécidabilité et d?impossibilité de lire. Autrement dit, la lecture, c?est l?illisibilité.La théorie de la lecture chez Bayard, entendue à partir de ce carrefour entre la psychanalyse et la déconstruction, a des conséquences, que je voudrais appeler po-éthiques, pour la critique littéraire et l?enseignement de la littérature. La non-lecture et l?illisibilité nous conduisent à penser la lecture comme un acte d?écriture, impossible mais nécessaire. Une po-éthique de la lecture veut dire qu?il faut toujours reconnaître l?altérité irréductible et inabordable du texte et du sujet de la lecture, dans le même temps qu?il faut faire la tentative d?écrire la lecture. À savoir, la tentative de lire et de se lire, d?écrire et de s?écrire.