“Le conflit du pouvoir, du nombre et des armes chez Hannah Arendt”

LUCAS MARTÍN

Université de Paris 7

Otro; Seminario del Centre de Sociologie des Pratiques et Représentations Politiques; 2006

Centre de Sociologie des Pratiques et Représentations Politiques, Université de Paris 7

Le but de ce texte est d’analyser les ambiguïtés du concept du pouvoir dans l’œuvre de Hannah Arendt, en particulier celles relevant des rapports du pouvoir avec le nombre, d’un côté, et la violence des armes, de l’autre côté. Chez Arendt on lit parfois que le pouvoir dépend du nombre, parfois qu’il en est indépendant ; on lit aussi que un petit nombre peut être puissant de même que plusieurs mais que, dans une certaine mesure, le pouvoir du petit nombre dépends en fait du nombre de ceux partageant une opinion ; ou encore, que la violence est indépendante du nombre et opposée au pouvoir mais qu’en dernier ressort, elle dépends de tout les deux. Pour le dire en peu de mots : les ambiguïtés conceptuelles dont on parlera ici envisagent un problème général concernant la notion de pouvoir chez Arendt. L’hypothèse de réponse à ce problème, aux ambiguïtés conceptuels, on va la trouver dans la notion de conflit. Or, ceci exige un commentaire : il est vrai que Arendt ne s’occupe en particulier ni du conflit ni du consensus. Dans les pages suivantes on verra, d’abord, une première définition du pouvoir selon la théorie de Hannah Arendt et on distinguera les trois dimensions distinctives nous servant de paramètre pour l’examen des problèmes qui vont se susciter au fur et à mesure. Ensuite, on établira l’opposition que fait Arendt entre pouvoir et violence pour envisager, dans un troisième moment, les problèmes autour de ces deux concepts. Nos réflexions commencent du point de vue du pouvoir (incise 3), continuent du point de vue de la violence (incises 4 et 5) pour finir de nouveau dans la perspective du pouvoir.