INVESTIGADORES
LANGBEHN Carlos Lorenzo
artículos
Título:
Réguler les frontières agricoles sud-américaines ? Expériences et négociations environnementales en Argentine, Uruguay et Brési
Autor/es:
GAUTREAU, PIERRE; LANGBEHN, LORENZO; GISCLARD, MARIE; MARQUIS-DUPONT, GABRIELLE
Revista:
Géoconfluences
Editorial:
ENS-Lyon
Referencias:
Lugar: Lyon; Año: 2021
ISSN:
2492-7775
Resumen:
Cet article, extrait d?un chapitre publié en portugais mais inédit en français, s?intéresse à trois mesures, la « loi forestière » argentine (2007), le décret régulant l?usage agricole des sols en Uruguay (2008) et le « zonage environnemental de la sylviculture » d?espèces exotiques dans le Rio Grande do Sul au Brésil (2009). Entre 1998 et 2002, plus de 700 000 hectares de forêts (Dirección de bosques, 2013) disparaissent sous l?effet de l?expansion agricole au nord de l?Argentine, dans les provinces de Chaco, Córdoba, Formosa, Salta, Santa Fe et Santiago del Estero. Entre 2002 et 2006, ce sont 1,2 million d?hectares additionnels qui sont coupés. Dans le Rio Grande do Sul et en Uruguay, ce sont là les couverts herbacés natifs qui reculent sous les effets conjoints de l?avancée des cultures et de la sylviculture. Entre 1990 et 2000, leurs surfaces reculent de 8% en Uruguay et de 12% dans le Rio Grande do Sul, et ce processus s?est accéléré encore au cours de la décennie 2000. En Argentine, Uruguay et au Rio Grande do Sul, l?expansion des surfaces agricoles se réalise en partie au détriment de l?élevage extensif. Celui-ci migre alors aux marges des principaux agrosystèmes, ravivant l?intérêt pour des terres auparavant considérées comme marginales. Les décennies 1990-2000 ne sont donc pas uniquement caractérisées par une nouvelle pulsation agricole au détriment des couverts végétaux, mais également par une intensification agraire ?agricole, sylvicole, pastorale. Celle-ci implique un usage croissant d?intrants, l?installation de cultures plus consommatrices d?eau (sylviculture), la disparition progressive des surfaces en herbe dans les rotations culturales, induisant un risque érosif accru.Ces nouvelles mesures de régulation sont en première analyse paradoxales. D?une part, leur adoption semble a priori contraire aux intérêts des gouvernements de centre-gauche arrivés au pouvoir au tournant du siècle dans ces pays. Ceux-ci ont assis leur légitimité par la redistribution partielle des gains liés à l?exportation des grains ou du bois qui finance en bonne part leurs politiques de lutte contre la pauvreté. On peut alors s?interroger sur les finalités qui les poussent à prendre des mesures qui indirectement freinent la croissance de la production. On pourrait y percevoir une volonté de réaction des États face à une dégradation de plus en plus patente des ressources naturelles, si de multiples signes des limites de la portée de ces mesures n?étaient perceptibles. Nous faisons l?hypothèse ici que les nouvelles formes de régulation des activités agraires sont révélatrices de la redéfinition des comportements des acteurs agricoles dominants et de l?État quant à l?utilisation des ressources. Mais, également, de la redéfinition de la place que les sociétés sud-américaines assignent à l?agriculture, principale actrice de l?expansion agricole, dans leurs modèles de développement. Nous considérerons ici essentiellement les acteursdominants, agriculteurs ou entrepreneuriaux, tournés prioritairement vers l?exportation, fortement connectés aux circuits financiers internationaux, et possédant une forte influence sur les décisions politiques, notamment grâce à leurs relais dans les instances parlementaires et gouvernementales