L'expression de la durée

AXEL CHERNIAVSKY

Annales bergsoniennes

PUF

Año: 2008 p. 695 - 725

0768-0708

Bergson reproche au langage d´être à l´origine d´insurmontables difficultés philosophiques, d´être incapable d'exprimer les vérités de la métaphysique, les découvertes de l´intuition. Mais pourquoi écrit-il donc ? « A quoi bon, pour reprendre les mots de Worms, dénoncer le langage à la longueur des pages ? » Par sa pratique scripturale, Bergson devient l´objet de sa propre critique, s´enfermant dans une espèce de paradoxe pragmatique. Si l´on croit en la critique du langage, on a le droit de se méfier de la philosophie bergsonienne, et de la critique même. C´est le problème de toute attaque envers le langage : si l?attaque est langagière, elle s'autodétruit. Pourquoi donc écrire si le langage soulève d'insurmontables difficultés philosophiques ? Voici donc l´énonciation complète du problème. Après sa construction détaillée, il sera résolu par ce que l´on aimerait appeler une lecture bergsonienne de Bergson : à travers l´application de sa propre méthode (la méthode des faux problèmes), et à partir d?une extension de sa propre métaphysique à la sphère du langage. En effet, il ne s'agira pas de lire Bergson à partir d?autres philosophies, mais de faire jouer différents aspects de sa pensée entre eux, sans sortir de l´oeuvre.