Le travail sur soi. Politique, éthique, émancipation

JUAN JOSÉ MARTÍNEZ OLGUÍN

Paris

Jornada; Journées des doctorants Paris 8; 2014

École doctorale pratiques et théories du sens - Université Paris 8

C´est à l´époque moderne que l?art de gouverner les hommes, le pouvoir pastoral, est devenu une pratique politique « calculée et réfléchie », selon l?expression de Michel Foucault dans ses cours de 1977-1978 au Collège de France. Répondant aux exigences des temps modernes, donc, l´hypothèse politique de l?émancipation, la pensée politique moderne, notamment depuis Marx (mais aussi son héritière la plus proche, la philosophie politique contemporaine, représentée par les figures les plus diverses (de Badiou à Laclau, de Zizek à Hardt et Negri), a toujours lié la promesse de l´émancipation à celle de la rupture et de son expérience, avec les formes pastorales de la domination, dans les différentes figures du pasteur : l´État, la classe dominante, le bio-pouvoir, les formes les plus complexes du biopouvoir. Il faut, nous dit la pensée postmarxiste, se libérer de la domination de la « pure administration » des institutions de la démocratie libérale. On reviendra, en revanche, sur l´hypothèse éthique de l´émancipation, sur la liberté comme « liberté en partage » , comme pratique de la métamorphose de soi (Moreau, 2012), pour rendre à l´émancipation sa singularité comme puissance de vie. C´est la philosophie de l´antiquité, en un double sens, qui nous permet de trouver ce mouvement où la politique se confond avec l´éthique, où l?émancipation se déploie, après et avant, peut-être en même temps, comme un travail sur soi. De quoi s´agit-il ? Qu´est-ce que cette pratique qui travaille sur soi ? Comment travaille-t-elle ? Il faut, premièrement, relire la philosophie d´Aristote. Et, deuxièmement, les ensembles de philosophies autour du concept de souci de soi (Foucault, 2001).