INVESTIGADORES
MARTIN Lucas Gonzalo
capítulos de libros
Título:
Dire la vérité en politique. Penser l'Argentine avec Hannah Arendt
Autor/es:
LUCAS MARTÍN
Libro:
Philosophie politique et état de la démocratie
Editorial:
L'Harmattan
Referencias:
Lugar: Paris; Año: 2007; p. 329 - 361
Resumen:
Quel est le rapport entre la vérité et la politique ? « Dire la vérité » constitue-t-il par soi-même une action politique ? Ou la vérité est-elle impuissante dans la sphère de la politique, et cette dernière toujours destinée au mensonge et à la tromperie? Le 24 mars 1976, un coup d’Etat militaire inaugure en Argentine un régime de « disparition » forcée de personnes qui a fonctionné dans la clandestinité et à l´ombre de l´Etat, mais qui agissait en plein jour. La société, quant à elle, s´enfermait dans la sphère privée par une attitude silencieuse, craintive, distante, plongée dans l´ignorance, par laquelle elle confortait le consensus antisubversif qui légitimait le coup d’Etat militaire. Cependant, au mois d’avril 1977 quelques mères des disparus apparaissent sur la Plaza de Mayo et exigent de savoir où sont leurs enfants disparus. Leur demande de vérité fut le seul grain de sable qui perturba toutes ces années de dictature. Face à cette « apparition » des Madres (les Mères) sur la Place de Mai, on ne saurait qu’éprouver un sentiment tout à la fois double et contradictoire : d´une part, la vérité semble être quelque chose d´étranger aux affaires politiques; mais on a d´autre part, cependant, l´impression que c´est précisément la demande de vérité des Mères qui empêcha l’oubli de la politique durant cette période et qui fut à l´origine du retour de la politique en Argentine (en dépit du fait que c´est la défaite de la guerre des Malouines qui précipita la chute finale de la dictature). Dans cet article, j’essaie de mieux comprendre ce double sentiment et d’en tirer des leçons pour la démocratie, à la lumière des réflexions de Hannah Arendt et de Jacques Rancière. A cette fin, j’examinerai d’abord l’idéologie et la nature du régime ainsi que le mensonge organisé depuis le pouvoir (section 1) ; j’exposerai ensuite les interprétations les plus courantes sur le mouvement des Madres de Plaza de Mayo (2) pour examiner alors les problèmes que pose le fait de « dire la vérité factuelle » en politique (3). J’essaierai à partir de là de répondre à la question de savoir si « dire la vérité de fait » peut être considéré comme une sorte d’action (4). Enfin, je me propose de reprendre la même question mais, cette fois-ci, par rapport à la vérité de l’acteur — et non plus du monde objectif (5). L’évocation de l’action des spectateurs en politique nous permettra, en conclusion, de réfléchir sur la démocratie argentine à la lumière de son héritage autoritaire.