INVESTIGADORES
POBLETE Lorena Silvina
congresos y reuniones científicas
Título:
Déconstruction du modèle paternaliste. Le cas de travailleurs ruraux "autonomes", Mendoza, Argentine
Autor/es:
LORENA POBLETE
Lugar:
Université de Rouen, Rouen, Francia
Reunión:
Jornada; Xes Journées de Sociologie du Travail; 2005
Institución organizadora:
Asociation International de sociologie du Travail
Resumen:
Les années 90 furent témoins d´importants changements économiques, et par conséquent, sociaux en Argentine. Le modèle néolibéral s´est consolidé, remplaçant le modèle d´accumulation antérieur, caractérisé par l´industrialisation par substitution d´importations. Les conséquences des politiques d´Ajustement Structurel, largement étudiées dans les marchés du travail urbain, peuvent aussi être observées dans les zones rurales. Selon la région, elles présentent des caractéristiques différentes. Dans les régions vitivinicoles de Mendoza, un type particulier de modèle paternaliste fut le paradigme des rapports au travail et des rapports sociaux jusqu´au milieu des années 90. La déconstruction de ce modèle représente non seulement une transformation de l´organisation du travail, mais aussi la perte des supports sociaux traditionnels des travailleurs ruraux. L´objectif de cet article est d´analyser ce moment de déstructuration, processus situé entre 1997 et 1999. Le travail de terrain réalisé en trois périodes, dans les années 1995, 1997 et 1999, nous permit d´observer le bouleversement des conditions de travail et de vie des habitants de Barrancas (commune viticole du Centre Ouest de l´Argentine). La déconstruction du modèle paternaliste signifie, non seulement, la transformation de l´organisation de la production vitivinicole, mais aussi la mutation des rapports sociaux existants. Il s´agit du passage de la pauvreté stable à l´instabilité dans la pauvreté. Dans la pauvreté stable d´autre fois, sous le règne du paternalisme, les travailleurs ruraux comptaient sur les protections attachées au statut de contratista, et parmi elles, sur le droit au logement. Même si la situation économique des contratistas se présentait, quelques fois, difficile à cause d´une mauvaise récolte, ils pouvaient toujours avoir recours à l´aide du patron. Le temps rythmé sur les dix mois de salaire et sur la prime de récolte permettait aux travailleurs ruraux de maîtriser leur avenir. Depuis la vente généralisée des propriétés vitivinicoles, l´embauche de travailleurs autonomes transforme cette pauvreté stable en instable. L´instabilité s´accompagne d´une forte vulnérabilité et d´un manque de ressources pour faire face aux nouveaux aléas : travailler au jour le jour, trouver de factures, trouver un logement. Dans ce contexte, que Kleinman (Kleinman, et all, 1997) appellerait de souffrance sociale, les travailleurs ruraux ont perdu, en même temps, les supports sociaux issus du contrat de travail et ceux issus du protectorat du patron. Ce changement s´est produit dans une période très courte, entre 1997 et 1999. Lors de nos entretiens, les travailleurs n´avaient pas encore saisi l´ampleur des transformations, ni la durabilité de cette situation d´instabilité. Pour la plupart, celle-ci semblait momentanée. Ils ne se reconnaissaient pas donc comme étant des pauvres à part entière, mais appauvris faute de travail stable. Dans ce contexte, devenir travailleur autonome (ou faux autonome) n´était qu´une ruse, un mode occasionnel d´intégration à ce marché du travail en restructuration. Cette déstructuration, accéléré et chaotique, du modèle paternaliste ne représente qu´une courte période (1997-1999). Par la suite, cette mise en mobilité exigée des travailleurs ruraux prend différentes formes. D´une part, on observe l´instauration de « vraies » fausses coopératives de travail. D´autre part, l´embauche par l´intermédiation des entreprises d´emplois temporaires devient fréquente. Le retour au modèle précédent n´est plus possible. Chaque cas représente un différent degré de protection pour les travailleurs ruraux, désormais mobiles, flexibles et « déprotegés ».