“Le péronisme et le problème des échanges en politique: à propos des débats autour des transformations des pratiques clientélistes en Argentine”

GABRIEL VOMMARO

Nantes

Jornada; Jornada Internacional “Les mobilités: approche internationale et interdisciplinaire”; 2012

Universidad de Nantes

Nous aborderons la présentation et l’analyse des formes que revêt la participation politique des classes populaires dans une province de l’Argentine. L’objectif est de restituer d’un point de vue sociologique comment et au sein de quels espaces les « pauvres » s’engagent en politique. Notre étude porte sur le quartier Ejército Argentino (Armée Argentine) de la ville de Santiago del Estero, dans la province du même nom, située dans le nord-ouest du pays. Cette province représente un cas de figure du fonctionnement des organisations sociales et politiques au niveau territorial de l’Argentine des dernières années. Il s’agit de l’une des provinces les plus pauvres du pays. Les taux de chômage et de pauvreté y sont élevés, même si, par rapport à d’autres provinces du nord-ouest et surtout du nord-est, les indicateurs sociaux de Santiago del Estero se trouvent plus proches de la moyenne nationale. Comme pour beaucoup de provinces du pays, les finances publiques jouent un rôle central dans le fonctionnement de l’économie provinciale et dans l’accès au marché de l’emploi. En effet, l’État est l’un des principaux employeurs et le principal investisseur en infrastructures. La distribution de ressources répond dans une large mesure à des critères partisans, et il en est de même pour les postes attribués dans les services publics (santé, éducation, sécurité). Il existe un grand nombre d’employés qui n’ont qu’un contrat à durée déterminée sujet aux oscillations des engagements politiques. Les allocations sociales provenant de l’État national sont également distribuées en partie par des instances de l’État provincial, mais aussi par des « espaces territoriaux de sociabilité politique » qui, depuis ces dernières années, à la suite des transformations politiques qu’a connues cette province, se sont multipliés en nombre et surtout en diversité de labels. Afin d’analyser la relation des classes populaires avec les espaces territoriaux de sociabilité politique, nous avons travaillé sur les échanges, dans le quartier étudié, entre les organisations sociales, politiques, religieuses et les habitants du quartier. D’abord, à partir des observations de la vie organisationnelle du quartier Ejército Argentino, nous nous intéresserons à l’importance et à la pluralité des organisations existantes, au rôle des politiques sociales dans la vie associative du quartier et à l’importance des referentes (« référents ») politiques, sociaux et religieux. Ceci nous mènera, ensuite, à nous interroger sur les sens et les tensions des échanges politiques dans le territoire, ce qui permettra de restituer les négociations et les conflits qu’entraîne le rapport des classes populaires au politique, et qui débordent le concept de « clientélisme ».