Droit fondamentaux et citoyenneté. Une citoyenneté fragmentée, limitée, illusoire?

CHERESKY ISIDORO

Une nouvelle citoyenneté?

Editions Thémis

Año: 2000; p. 468 - 482

Approfondir le concept de citoyenneté peut constituer un bon angle d’étude des transformations politiques en cours qui nous amène à nous interroger sur leur portée. Cette interrogation concerne la validité des partis politiques comme agents de lutte politique, le rôle joué par les médias dans la vie publique et le degré d’ancrage qu’a la politique dans les démocraties contemporaines; politique pris au sens fort de formation d’une volonté politique de réforme (par opposition à la politique comme gestion). Nous partons de l’intuition que la référence à la citoyenneté a remplacé la référence au peuple. L’emploi de cet autre terme pour désigner la source de la légitimité politique constitue un tournant considérable. Dans le passé on faisait référence au peuple mobilisé dont l’expression adoptait une variété de modalités d’activité (assemblées, manifestations, grèves), au poids des organisations syndicales dans la vie politique et aux partis populaires qui avaient fréquemment vocation à exprimer l’essence du peuple, dont sa vérité passait outre aux consultations électorales. Aujourd’hui la citoyenneté est une référence à un ensemble de droits, à une source de légitimité et à une entité intangible que personne ne peut s’approprier ou connaître de façon privilégiée et qui est donc mesurée de manière prédominante par les sondages d’opinion ou plus formellement par les consultations électorales.