Utopie, controverse religieuse et voyages imaginaires dans le début du XVIIIème siècle.

MARTINEZ, CAROLINA

París

Jornada; Journée d´étude sur l´utopie: Les lieux du non-lieu; 2013

Universidad de Paris 7 - Denis Diderot

Même si on peut dater avec précision l´origine du genre utopique à partir de l´oeuvre inaugurale de Thomas More en 1516, les avancements faits dans la connaissance géographique du monde dans la période d´expansion européenne du XVIe au XVIIe siècle ont donné aux écrits utopiques publiés en langue française des traits particuliers. Souvent négligée, cette dimension spatio-temporelle de l´utopie mériterait d´être étudié, dans la mesure où elle apporte une nouvelle perspective pour comprendre la profusion du genre en langue française au XVIIe siècle. En effet, l´élargissement et la délimitation chaque fois plus précise du « monde connu » est allé de paire avec une nouvelle façon de comprendre le monde, les populations rencontrées, les espaces encore à découvrir et les terres déjà occupées ou à occuper dont le récit utopique se fait l´écho. En même temps, le cloisonnement politico-religieux mis en évidence dans le délabrement du monde confessionnel dont le récit utopique reprend les sujets débattus et sur lequel il y réfléchit, n´est pas à négliger non plus. En fixant plus particulièrement l´attention sur les « Voyages et aventures de Jacques Massé » (1710) de Simon Tyssot de Patot, le récit utopique sera ainsi réinséré dans son temps, étudié conjointement avec des récits de voyage réels publiés à l´époque, des nouvelles provenant des terres récemment découvertes et la critique philosophique et religieuse clandestine répandue en Europe dans la seconde moitié du XVIIè siècle et début du XVIIIè.