Insecurité et peur du crime en Amérique Latine

GABRIEL KESSLER

Paris

Encuentro; Question sociale et sentiments moraux; 2011

Fondation argentine en Paris

L?idée centrale que je voudrais développer c?est que l?extension sociale du sentiment d?insécurité engendre des conséquences spécifiques au niveau des imaginaires et des pratiques sociales. La généralisation de l?inquiétude remet aussi en question des consensus établis à des époques où la préoccupation était moins importante. Quels processus alimente donc le sentiment d?insécurité quand il croît ? Le fait qu?il s?agisse d?un problème public qualitativement différent de ce que l?on connaissait avant génère une série d?interrogations sur les causes, les risques personnels et sur les solutions à mettre en place. Les discussions et les réponses apportées à ces différentes questions configurent peu à peu les récits sociaux sur l?insécurité. Une telle définition de la réalité suggère quelles émotions il est logique de ressentir et se projette sur le terrain de l?action, sur les précautions à prendre, sur ce que j?appelle la gestion de l?insécurité. Quant aux consensus qui ont été remis en question, il y a modification du lien classique entre peur et autoritarisme. Finalement, les paradoxes de l?insécurité, c?est-à-dire, le fait que les groupes en apparence les moins victimisés soient les plus effrayés, se modifient avec l?amplification du sentiment de peur.