Le passé que nous regardons: mémoire et image face à l'histoire récente

CLAUDIA FELD

Metz

Conferencia; Séminaire de travail du CRULH; 2009

Université Paul Verlaine - Metz, CRULH

Conférence de présentation de l'ouvrage El pasado que miramos, memoria e imagen ante el pasado reciente, Claudia Feld et Jessica Stites Mor (dirs.), Paidós, 2009. La conférence est déstinée aux chercheurs du CRULH, Centre Régional Universitaire Lorrain d'Histoire. Ce livre répond à l?objectif d?entamer une analyse et une réflexion sur les liens entre mémoire et image audiovisuelle dans le cadre de l?histoire récente de l?Argentine, et tout particulièrement les événements politiques qui ont eu lieu entre la fin des années 1960 et le début des années 1980. En Argentine, cette étape se caractérise par les expériences de violence politique, du militantisme révolutionnaire, de la lutte armée, de la dictature militaire, de la répression politique et de la disparition forcée de personnes. Ces expériences nous amènent à penser avec une emphase particulière au besoin de réfléchir sur cette relation entre image et mémoire. Notamment, parce que la dictature a effacé toutes les traces matérielles de ses actes de violence les plus sanglants. Ainsi, il n?existe aucune image documentaire qui rend compte des conditions d?emprisonnement ou des assassinats clandestins. Bien qu?il n?y ait pas de registres photographiques ou filmiques de ces actions de violence, les actions de ceux qui ont fait des réclamations, à cette même époque, au nom des disparus, et de ceux qui avaient milité auparavant, ont été photographiées et filmées. Les portraits photographiques des milliers de disparus sont devenus ?comme nous allons le voir- une bannière de la lutte et un emblème. Par ailleurs, les décennies postérieures à celles des années 1970 n?ont cessé de produire de nouvelles images, aussi bien des documentaires que des fictions, pour tenter d?évoquer et d?interpréter ces années. Dans chaque nouvelle production filmique, photographique et télévisuelle, une opération complexe est réalisée. Il s?agit, à la fois, de rendre visible ce qui s?est produit, de le configurer et de lui octroyer un sens. Quelle valeur ont ces images? Comment est-ce qu?elles génèrent des mémoires ou est-ce qu?elles construisent des sens dans la mémoire sociale? Jusqu?à quel point permettent-elles de représenter les faits? Quels sont les limites, les obstacles et les entraves à cette représentation? Voici certaines des interrogations qu?évoque cet ouvrage.