Structure et évolution de la théorie de l'expérience historique chez Reinhart Koselleck

DANIEL BRAUER

París

Congreso; Présences du passé. Histoire et théorie de l?Histoire à partir de Koselleck; 2019

Les débats de ces dernières années autour de la théorie historique sont principalement tournés, depuis les années 70, autour de deux axes thématiques qui en quelque sorte s?opposent et se complètent en même temps. Je parle (1) de ce que l?on considère habituellement comme le tournant linguistique de la philosophie de l?histoire dans la figure du soi-disant narrativisme d?une part, et (2) du tournant mémorialiste de l?autre. Le premier a trait à la structure inévitablement narrative du discours historique et a mis en question des présupposés de base du canon de l?historiographie, en particulier sa prétention d?assimilation au discours scientifique et ses prétentions à la vérité et à l?objectivité. Dans ses versions extrêmes, comme celle de Hayden White, l?historiographie est assimilée à un genre littéraire et les limites de l?opposition réalité / fiction sont diluées. Par ailleurs, ce qu?on appelle le « memory boom » (Jay Winters) a placé au centre de la scène les notions de souvenir ou mémoire, mais ils ont aussi, en conformité avec le débat sur la signification d?événements tels que la Shoa, conduit à réviser les concepts de témoignage et d?expérience. Je ne traiterai que marginalement vers la fin de ce travail ce que nous pourrions appeler un troisième paradigme (3) de la discussion. Je ferai alors référence au processus de mondialisation et à ses conséquences pour la théorie historiographique.