INVESTIGADORES
CUCCHETTI Humberto Horacio
congresos y reuniones científicas
Título:
Violence politique et trajectoires d'Action française : du militantisme post-Algérie française aux dernières contestations monarchistes
Autor/es:
HUMBERTO CUCCHETTI
Lugar:
Bordeaux
Reunión:
Jornada; Journée d'études « Ce que la violence fait aux carrières militantes (France, 1962-2012) »,; 2014
Institución organizadora:
Centre Emile Durkheim Bordeaux
Resumen:
Divers travaux académiques (Dard, 2005 ; Terguieff, 1994), écrits de journalistes (Charpier, 2005) et d'anciens militants (Duprat, 1972), ont été axés sur l'analyse de la situation traumatique des droites radicales françaises face à l'issue du conflit franco-algérien. Cependant, ce dénouement ne devait pas entraîner une paralysie de ces réseaux, où s'engagea, de diverses façons, un processus de rénovation militante et intellectuelle au nom d'une contestation anti-système. S'il est vrai que l'activisme politique avait pris ses distances avec une certaine tradition putschiste dont était imprégné le terrorisme anti-gaullien de l'OAS, il existait, néanmoins, dans les divers réseaux organisationnels, FEN, Occident, Ordre Nouveau, etc. (Lebourg, 2010 ; Gautier, 2009), la survivance d'une culture militante liée à la virilité, la violence physique et les combats de rue. Par contre, les trajectoires organisationnelles et les carrières militantes plongeant leurs racines dans l'Action française ont été moins explorées. Les rares travaux disponibles présentent une perspective générale de l'évolution de ces ligues (Gautier, 2002 ; Louis, 1994 ; Backman, 1991). Cependant, l'analyse spécifique de la relation entre engagement radical et violence militante dans le royalisme français appelle une étude plus approfondie car elle permet d'observer que, s'il est indéniable que l'idée d'une pacification relative de la vie politique française tend à se confirmer sur la durée, la permanence d'un militantisme contestataire s'est poursuivi au cours des années soixante et une grande partie des années soixante-dix. Nous placerons notre approche sur les acquis d'un terrain de recherche portant sur des trajectoires militantes de l'Action française. Les documents consultés et les entretiens réalisés permettent d'entériner l'importance de la militance de l'Algérie française dans les réseaux monarchistes dès la fin des années cinquante. « Liquidée » l'affaire algérienne, l'idée du coup d'état et de la destruction du système républicain restait vivace dans ces milieux, s'incarnant dans une nouvelle génération de militants dont le but était de renouveler la tradition nationaliste en revisitant la figure d'un « Maurras-intellectuel de la contestation ». Les origines de la Nouvelle Action française (NAF, 1971) et l'idée de récupérer la révolte de mai 68 dans une perspective royaliste, avec un caractère antibureaucratique prononcé (Cucchetti ; 2011, 2013), peuvent être interprétées dans ce registre. Les récits des acteurs permettent de situer la place de la violence dans le militantisme de cette période. La figure des Camelots du Roi, qui renvoie à la tradition des combats de rue et de l'affrontement physique, fut actualisée et intégrée avec les empreintes générationnelles de l'activisme des dernières années de la décennie soixante. Ainsi, la violence pouvait s'inscrire en termes discursifs dans la tradition maurrassienne du coup de force, mais également sur différents registres de la vie militante : les bagarres, l'utilisation de diverses armes de combat (ceintures, manches de pioche, casques de moto), la présence d'un service d'ordre propre à l'organisation militante, destiné à la protéger.Si les reconversions militantes et les trajectoires organisationnelles permettent d'appréhender la façon dont les acteurs prirent leurs distances par rapport aux modèles de l'action politique violente (de rue), l'existence d'un répertoire contestataire peut expliquer la raison pour laquelle l'Action française attire des jeunes de certains milieux (en général catholiques pas nécessairement intégristes, étudiants dans de grandes villes, souvent avec un formation en droit ou en humanités) et stimule une chez eux une politisation véloce. Toutefois, si elle est patente, l'affluence de nouveaux militants ne peut occulter que les continuités organisationnelles sont loin d'atteindre les caractéristiques de l'activisme belligérant qui s'imposait dans la période suivant la guerre d'Algérie jusqu'en mai 1968.