Débats et controverses autour du processus de "récupération" des ex-centres de détention clandestine. Le cas de « El Olimpo » à Buenos Aires

LUCIANA MESSINA

Metz

Jornada; Qualifier/requalifier des lieux de détention, de concentration et d'extermination; 2007

Centre de Recherche sur les Médiations, Maison des Sciences de l'Homme. Université Paul Verlaine

A travers le présent travail, nous proposons de reconstruire et d?analyser un processus particulier qui contribue à la construction de la mémoire sociale et politique du passé récent du terrorisme d?Etat en Argentine (1976-1983) : le processus mené à bien par un groupe d?acteurs hétérogènes qui travaille depuis près de trois ans à la constitution d?un lieu de mémoire sur le terrain où a fonctionné le centre clandestin de détention connu sous le nom « El Olimpo ». Notre analyse s?attachera à interpeller un processus de marcation de lieu -encore inconclus- dont l?objectif ultime est de constituer, dans un endroit qui fut un terrain de disparition, de torture et d'extermination, un lieu où soient remémorées et dénoncées les violations contre les droits de l'homme du passé et du présent; ce processus concernant des acteurs sociaux, des discussions, des ruptures, des décisions et des actions. Nous tenons à rendre compte de quelques aspects de la transformation matérielle et symbolique touchant la marcation de lieu, en abordant tout particulièrement les aspects conflictuels d'une politique de mémoire traversée par les disputes de sens propres de ce que Nora Rabotnikof appelle « mémoires de la politique » (2007 : 260). Nous souhaitons également rendre compte de quelques-unes des conditions politiques qui ont rendu possible l'émergence et le développement d'un programme institutionnel de mémoire dans l'ex-« Olimpo » ainsi que de certaines de ses particularités.