Genre et entreprises récupérées en Argentine

MARIA INES FERNANDEZ ALVAREZ; FLORENCIA PARTENIO

Autogestion : l´encyclopédie international.

Editions Syllepse

Lugar: Paris; Año: 2015; p. 2204 - 2216

Les« récupérations » d?entreprises par leurs salarié-es en Argentine font partiedes mobilisations sociales emblématiques des années 2000 en Amérique latine. Dans un contexte de grave crise économique, sociale et politique, des milliers de travailleurs-ses ont occupé puis repris en coopérative leur outil de production alors en faillite ou lourdement endetté. Si la genèse comme les formes de ces mobilisations ont souvent varié ? dettes salariales, licenciements, cessations de paiement, menaces de fermeture ?, conduisant à des conflits plus ou moins durs ? expulsions ou répression policière ? la constitution légale et financière de coopératives de travail, qu?il s?agisse des négociations avec le procureur pour obtenir l?administration des biens ou des demandes d?expropriation, ont obtenu un caractère régulier, constitutif d?une« marche à suivre » pour les salariées désireux de « conserver leurs outils de travail ». Dans cet article en particulier, nous proposons d?examiner les conséquences des redéfinitions de ces espaces sur les femmes. Ainsi, nos réflexions reprennent la perspective critique des études de genre sur les dichotomies entre les sphères de production et de reproduction, les espaces public et privé. Nous partons d?une vision intégrale du travail des femmes qui tient compte des interactions entre travail ménager et travail extra-ménager. Cette démarche, loin de supposer une forme d?essentialisme reprend une problématique amplement signalée par les études historiques sur les particularités de l?expérience du travail des femmes ? en général estompée dans l?histoire du travail ? et la reconnaissance de l?illégitimité historique du travail extra-ménager des femmes. Cela suppose la problématisation de la signification des différences de sexe/genre articulées à d?autres différences (classe, âge, sexualité, nationalité) et construire une analyse qui nous permette d?interroger comment ces espaces de travail ? les entreprises récupérées ? s?insèrent dans des formes complexes de domination patriarcale et capitaliste.