Gouvernance, souveraineté et catastrophe. L’ontologisation de la crise et la philosophie du présent

FRANCISCO NAISHTAT

Diogène

Presses Universitaires de France

Lugar: París; Año: 2009 vol. 1 p. 50 - 60

0419-1633

RESUME Si en 1940 Benjamin importe dans ses Thesen les catégories de son essai sur le Trauerspiel (celles de l’exceptionnalité permanente ou de l’exceptionnalité indiscernable de la règle dans la thèse 8 et celle de Katastrophe dans la thèse 9), transposant au contexte politique marqué par le triomphe du fascisme des termes utilisés dans le contexte de l’analyse du drame baroque au XVIIe siècle, ce n’est pas pour que nous pensions que notre fragile prince baroque, victime d’intrigues permanentes, s’incarne dorénavant dans le dispositif puissant du fascisme, mais plutôt pour suggérer que la social-démocratie européenne a été l’antichambre incapable de prévenir celui-ci. Le pendant du prince-créature est le pouvoir politique qui a servi de vestibule au fascisme, et non le fascisme en tant que tel, qui apparait plutôt comme le dispositif cru de l’exceptionnalité permanente. Par conséquent, nous aurions ici un triangle marqué par ces trois sommets: la souveraineté baroque, le monde-catastrophe et le dispositif de l’exception permanente. La question que nous nous posons dans ce bref article est de savoir si nous pouvons faire un usage productif de ce triangle idéal-typique pour caractériser ou diagnostiquer notre propre condition contemporaine, marquée par des souverainetés fragilisées, des dispositifs globaux et intensifs de gouvernance, et un monde-catastrophe privé d’horizon, dans lequel, paradoxalement, la vision du monde diminue à mesure que se perfectionne sa visibilité technologique à travers la disposition simultanée et instantanée des images.