INVESTIGADORES
POBLETE Lorena Silvina
artículos
Título:
Gouverner le social care, des catégories institutionnelles aux expériences intimes
Autor/es:
LEDOUX, CLÉMENCE ; POBLETE, LORENA; JAQUEMART, ALBAN
Revista:
Terrains & Travaux
Editorial:
Ecole Normale Supérieure Paris-Saclay
Referencias:
Lugar: Paris; Año: 2023 p. 5 - 26
ISSN:
1627-9506
Resumen:
Ce dossier de terrains & travaux s’intéresse pour sa part au care en le restreignant au "social care", défini par Mary Daly et Jane Lewis comme un travail (rémunéré ou non) en lien avec des personnes considérées vulnérables, c'est-à-dire limité aux "activités et aux relations permettant de répondre aux besoins physiques et affectifs des adultes et des enfants dépendants, ainsi que les cadres normatifs, économiques et sociaux dans lesquels elles s'inscrivent et s'exercent" (Daly and Lewis, 2000 : 286). Le social care renvoie ainsi à la fois à des pratiques d'aide, de soin et de solidarité en direction de personnes considérées comme vulnérables et à des structures qui les encadrent. La pratique du social care peut être gratuite et réalisée principalement au sein de la sphère familiale, mais également rémunérée. Dans ce dernier cas, elle peut être déclarée ou non auprès des institutions publiques et devenir la spécialité d'un ensemble de métiers : aides à domicile, gardes d'enfants, travailleuses sociales , etc. Les spécificités de cet objet ont été soulignées par une multitude de travaux : féminisé, il implique l'intimité, s'exerce dans un lieu de travail spécifique et peut comporter une dimension émotionnelle (Knijn et Kremer, 1997 ; Daly et Rake, 2003 ; Zelizer, 2010 ; Molinier 2013 ; Van Hooren et al., 2021). En Europe, on estime le nombre de travailleuses de social care rémunéré à destination uniquement des personnes ayant besoin d'aide de longue durée (long-term care) à 8,3 millions d’emplois (Eurofound 2020) , leur nombre étant appelé à croître dans les années à venir avec l'élévation de l'espérance de vie. En élargissant à l'ensemble des secteurs du social care, l'institut européen pour l'égalité entre les hommes et les femmes (EIGE) comptait 49 millions de travailleuses dans l'Union européenne à 27 en 2018, représentant 21% de l’emploi au niveau de l'UE (EIGE, 2021 : 57). Ces emplois sont caractérisés par des rémunérations faibles, des conditions de travail dégradées, des formes précaires d'emploi (faibles rémunérations et temps partiels imposés notamment) et, souvent, une relégation sociale (EIGE, 2021).Les métiers du social care ont par ailleurs fait l'objet d'une attention croissante des pouvoirs publics (notamment dans le cadre des politiques de maintien à domicile des personnes âgées en perte d'autonomie) et des acteurs de marché (entreprises pourvoyeuses de services, agences de placement des travailleuses, plateformes de services et de paiements…). De nombreux instruments de gouvernement, de nature privée ou publique, visent ainsi à réguler ce travail, qu’ils soient financiers (réductions d'impôts, prestations sociales), réglementaires (droit du travail, régimes d'autorisation des structures, labels qualité) ou relèvent de la communication (Ledoux, Shire et Van Hooren, 2021). Dispositifs à la fois techniques et sociaux, ces instruments (Lascoumes et Le Galès, 2005) organisent des rapports spécifiques entre les institutions et leurs destinataires. Ils peuvent présenter des degrés de coercition très différents selon leur nature et s'incarnent dans des formes matérielles diverses (documents, plateformes internet, contrôle par des agents publics, applications connectées, etc.).Les articles inclus dans ce dossier interrogent la construction sociale des catégories, dans la rencontre entre les institutions (État, collectivités…), les instruments de politiques publiques et les personnes engagées dans des relations de travail rémunéré de social care à domicile. Nous reviendrons dans une première partie sur une présentation des principaux courants de recherche portant sur les différentes perspectives existant sur le social care, tant en France qu'à l'étranger, avant d'évoquer l'intérêt d'une approche par les catégories comme celle proposée par les articles inclus dans ce dossier.