Les lois comiques: questions de droit attique chez Aristophane

BUIS, EMILIANO JERÓNIMO

Lille, FRANCIA

Conferencia; Séminaire "Poésie et philosophie: présentation des travaux"; 2006

Université Charles de Gaulle (Lille III)

La comédie d´Aristophane joue avec l’inversion et la critique, et par conséquent elle reproduit comme sur un miroir déformé les réflexions sophistiques sur le relativisme et la manipulation du droit. Il serait possible alors d’affirmer que, à travers deux de ses aspects les plus propres au genre –la satire politique et les constructions utopiques-, la comédie nous met face à deux modalités alternatives et complémentaires de se moquer de la justice. D’une part, elle la ridiculise et parodie à partir de la mise en scène de la litigiosité au paroxysme et d’un usage exacerbée des règles. La transcription burlesque des décrets, l’utilisation juridique des objets quotidiens et la présence scénique des juges fous ou des sycophantes extravagants, tout contribue à ce mécanisme comique. De l’autre part, la comédie réussit à profiter du recours au bouleversement pour inclure dans l’enceinte du droit tous ceux qui se trouvent exclus de l’accès à la justice dans la réalité concrète hors du théâtre : les femmes, les esclaves, les étrangers et jusqu’aux héros et dieux. Le droit attique est censé s’appliquer drôlement dans des contextes fictionnels et invraisemblables, signés d’une dimension grotesque, invoqué par ceux qui ne seraient pas en conditions de le faire ou imposé à ceux qui ne devraient pas être objet de ses normes. A partir du comique, toutes ses références représentent bien un exemple d’un risque évident qu’Aristophane essaie de dénoncer sur sa scène. En somme, il s’agit pour lui –dans une cité en crise- de alerter son public et de réagir contre la volonté de ceux qui veulent prescrire un droit positif par le biais d’une manipulation rhétorique des espaces publics.-