Transition démocratique en Argentine et recomposition du parti péroniste (1983-1995)

MELLADO, MARÍA VIRGINIA

Grenoble, Francia

Jornada; Journées d'études del ILCEA. Les voies incertaines de la démocratisation. Transitions, consolidations, transformations démocratiques: retours critiques et regards croisés Europe/ Amérique Latine.; 2009

ILCEA, CERHIUS, Université Sthendal Grenoble 3

Les élections de 1983 ont marqué un point de rupture dans l’histoire politique argentine et en Amérique Latine. Celles-ci ont été considérées comme un fait fondateur, en tant qu’elles expriment un nouveau moment politique dans le pays qui marque l’entrée dans la démocratie. L’aspect de rupture avec le passé, qu’a illustré la campagne électorale, permet d’étayer l’hypothèse de l’avènement d’une nouvelle ère politique. En effet, l’ouverture démocratique a modifié le scénario et les règles du jeu de la sphère politique. Le changement et l’émergence de nouvelles coordonnées politiques se sont reflétés dans de nombreux aspects qui peuvent êtres perçus au travers de la campagne électorale de 1983 et, plus généralement, au travers du processus de transition dans son ensemble. Le processus de transition démocratique a eu pour facteur déclanchant la défaite contre le Royaume-Uni lors de la guerre des Malouines en 1982. La déroute par les armes termina d’achever un gouvernement militaire qui montrait des signes d’affaiblissement depuis 1980. Les faibles résultats des politiques économiques, associés aux conflits politiques et sociaux générés par le manque de légitimité du pouvoir, ainsi que la question des « disparus » ont été les points de convergence amenant les élites militaires à considérer comme stratégique et opportune l’invasion des îles malouines, dans le projet d’unifier les intérêts et les attentes tant de la société civile que de la société politique. Cependant, la réalisation de ce projet a été fortement contrariée par l’action des pays étrangers qui condamnèrent l’action du gouvernement argentin au nom des règles diplomatiques internationales. La défaite de la guerre des Malouines occasionna une vacance du pouvoir que les dirigeants des partis traditionnels n’ont pu remplir dans l’immédiat. Dans ce cadre, les forces politiques ont commencé à s’organiser en prévision de la tenue d’élections libres sans proscription. Le processus d’organisation partisane s’est développé en différentes nuances, notamment concernant le radicalisme et le péronisme.  Dans le cas du radicalisme, le parti a opté pour une rénovation non seulement de ses cadres mais également de son programme politique, basé principalement sur les revendications concernant la défense des droits de l’Homme. Le radicalisme a perçu le changement d’époque et s’est adapté rapidement aux nouvelles exigences des citoyens qui voulaient mettre fin aux traumatismes du passé. La personnalité et le charisme d’Alfonsin ont donné une tonalité particulière à la campagne électorale, en ce sens qu’il a restauré la valeur de la démocratie comme dispositif fondamental pour régénérer une société qu’il refusait de concevoir comme problématique (Halperin Donghi, 1994 : 119). Tout autre a été le chemin emprunté par le péronisme qui manifesta une importante fragmentation interne. La première défaite du péronisme dans des élections libres sans proscription a marqué un « point de rupture » dans le parti et l’a plongé dans une crise institutionnelle (Sarlo, 2004 : 2). L’adéquation à la nouvelle ère politique que le radicalisme avait réalisée avant les élections de 1983, le péronisme la réalisa une fois obtenu le faible résultat électoral. La défaite de 1983 initia un processus de rénovation des pratiques et des discours à l’intérieur du parti. Dans cette perspective, la communication cherchera à explorer, en premier lieu, le processus de recomposition et d’adaptation du parti péroniste à la nouvelle conjoncture démocratique suite à la défaite électorale de 1983. L’analyse de l’adaptation d’un parti « syndical » à un parti « clientéliste » implique de porter le regard sur l’univers des pratiques politiques et des changements discursifs que développèrent les élites partisanes pour conserver et augmenter leur quota de pouvoir dans ce nouveau contexte (Levitsky, 2005). En deuxième lieu, on cherchera à cibler la spécificité de la rénovation péroniste en relation avec les expériences antérieures du parti. En troisième lieu, on analysera le processus de reconversion des dirigeants et d’ascension des nouvelles personnalités. Les sources mobilisées pour cette recherche proviennent d’entretiens oraux, d’analyses de la presse et d’actes de congres de parti, ainsi que d’essais et d’autobiographies de dirigeants politiques. Références : Halperin Donghi T. (1994), La larga agonia de la Argentina peronista, Ariel, Buenos Aires Levitsky S. (2005), La transformacion del justicialismo. Del partido sindical al partido clientelista, 1983-1999, Siglo XXI, Buenos Aires Sarlo B. (2004), « Doble optica : un intento (mas) de observar el peronismo », in Punto de vista, Année XXVII, Numéro 80, Buenos Aires