Haïti en République Dominicaine. Quand la mémoire doit aussi migrer

PENCHASZADEH, ANA PAULA

Los Polvorines, Provincia de Buenos Aires

Mesa redonda; LA RENCONTRE DES MÉMOIRES Manières de faire, manières d?élaborer, manières de partager, des mémoires; 2015

Université Paris 8 y Universidad General Sarmiento

Je vous propose ici un exercice réflexif, à mi-chemin entre la pratique et la théorie, autour des dilemmes des droits humains face à la nationalité dans le contexte des migrations. Pour cela, nous aborderons un cas « exemplaire » dans lequel cristallisent tragiquement quelques unes des grandes tensions des démocraties face à la mobilité humaine : le cas des dénationalisations massives de la République Dominicaine (RD), devenue tristement célèbre ces derniers temps pour sa politique discriminatoire envers les dominicains d'ascendance haïtienne et les migrants haïtiens.Ce cas particulier permet de recalibrer l'efficacité des droits humains dans toute notre région et d'attirer l'attention sur la permanence des matrices sacrificielles exercées sur les étrangers. On parlera ici des logiques d'étrangéisation et des dénationalisations massives qui ont lieu en plein XXIe siècle et qui font appel à l'idée d'origine. On parlera des États « voyous » (hors-de-la-loi) et des étrangers comme arcanes sacrificiels qui portent une marque et un sceau indélébile d'origine. Et on parlera de toutes ces questions d'une actualité brulante à partir de l'analyse des dénationalisations massives de personnes d?origine haïtienne en RD.Il est nécessaire de s'interroger sur la manière dont le cas de la RD peut fonctionner comme un « paradigme » pour penser les paradoxes des ordres contemporains. La nationalité est l'effet juridique du tracé politique et historique d'une frontière, mais, est-ce seulement cela ?