Hospitalité, identité et différence. Notes pour une critique de la diversité

PENCHASZADEH, ANA PAULA

Diversité culturelle et figures de la hétérogéniété

L´Harmattan

Lugar: Paris; Año: 2012; p. 45 - 57

Pourquoi est-il préférable de parler de différence et non de diversité ? La différence marque le début d´une décision arbitraire, le fait d´une performativité (différentier, répression et renvoi) car elle ne fait pas qu´« indiquer » mais « désigne » et « classifie ». La diversité, au contraire, fait référence à une « donnée » à un « fait » culturel immédiat, neutre, indiscutable et, notamment, apolitique. La différence appelle une politisation, la diversité une constatation qui neutralise. La différence est une marque d´incorporation/exclusion de l´autre, elle fait référence à une violence, un envoi et ne nie pas le caractère tragique et sacrificiel de la distinction ; la diversité, en revanche, se dirige vers la tolérance et le respect et nie la violence dans la conformation de l´identité. Il est bien entendu plus commode de penser les limites de la démocratie, d´une certaine logique de l´inclusion qui tolère la diversité, dans un cadre de « pluralité bénéfique » (« l´unité dans la diversité »), que de les penser à partir de la différence de l´autre avec lequel il n´est pas possible de dialoguer et qui représente la limite du « démocratisable ». La diversité dissimule le problème des matrices sacrificielles qui structurent l´identité et la construction violente de l´être-avec-autrui. Elle garde une affinité problématique avec la conception de la politique comme calcul, présence et phénomène « neutre » de classification et d´organisation du sensible. La diversité réprime les aspects tragico-agonaux de la construction de l´être-avec-autrui. Mais, comment penser un lien non déconstructif vers l´autre (vers le radicalement autre, le différent avec lequel il n´est pas possible de partager quoi que ce soit), une hospitalité fondée sur la différence, et non une tolérance du divers ? Une réponse possible à cette question renvoie, nécessairement, au problème de la démocratie.