Crise et confortabilisation. Mémoire et reconfigurations spatio-temporelles dans la construction du cirujeo à Buenos Aires

MARIANO D. PERELMAN

Traces. Mémoires et politiques des désastres en Amérique Latine

Harmattan

Lugar: Paris ; Año: 2016; p. 37 - 64

Depuis la dernière dictature civico-militaire (1976-1983), l`Argentine s`est transformée petit à petit en une société moins égalitaire. Les politiques néolibérales mises en ouvre depuis lors, et en particulier durant la décennie de 1990, ont mené le pays vers des taux jamais atteints de pauvreté et de chômage. En 2001, « la crise » s'est produite, et elle mit un terme notamment à la présidence de Fernando de la Rua, élu deux ans auparavant, et, quelques jours après, à la période de convertibilité où le Peso argentin avait été décrété par loi, d'égage valeur que le Dollar états-uniens - qui avait été mis en place dix ans auparavant. La fin de la convertibilité produisit une forte dévaluation de la monnaie nationale et une augmentation de la pauvreté (mesurée en fonction d'un panier basique de produits à acquérir). La hausse des prix des matériaux recyclables comme le carton a facilité la reconversion des nouveaux chômeurs au cirujeo ou cartoneo (collecte informelle de résidus), tâche fortement stigmatisée.