ZUR KRITIK DER GEWALT ET TRACTATUS LOGICO-PHILOSOPHICUS. CRITIQUE DE LA VIOLENCE, PHILOSOPHIE DU LANGAGE ET HISTOIRE NATURELLE DU DROIT

NAISHTAT FRANCISCO

Cahiers Critiques de Philosophie

Presses de l'Université de Paris 8 - Vincennes-Saint-Denis

Año: 2022;

Au silence qui dans le Tractatus Logico-Philosophicus de Wittgentein (TLPh, 1921) est metabasis ou passage eis alló génos en faveur de l’éthique en tant que régime radicalement différent d’expressivité, correspond, dans l’essai de Benjamin Zur Kritik der Gewalt (ZKdG, Pour une Critique de la Violence, 1921), une forme de violence pure ou divine (reine, göttliche Gewalt) qui n’a pas un rôle d’instauration (rechtsetzende Gewalt) ou de conservation du droit (rechtserhaltende Gewalt), mais d’interruption, de suspension ou d’abolition (entsetzende). La Entsetzung (suspension, abolition) qui apparaît ainsi comme figure clé de la violence pure ou divine à la fin du ZKdG aurait le caractère que prend le silence à la fin du Tractatus, et que Benjamin élabore linguistiquement comme le silence de la nature déchue, dans son essai sur le langage (1916), ou comme figure du silence du héros tragique, dans son Origine du Trauerspiel allemand (1916-1925) : il destitue plutôt qu’il n’instaure ou ne conserve. Nous développons ici ce point de vue en marquant dans un second temps une dialectisation entre le déchu et le divin chez Benjamin qui, au-delà de la stricte limite tractarienne, s’avance sur le terrain plus glissant de la violence structurelle du droit et du pouvoir, où Benjamin empiète sur la sociologie de Weber et la littérature de Kafka, sur un plan qui s’ouvre sur une histoire naturelle du droit en tant que mêlé au pouvoir et à ses lois d’oscillation.