Gouvernance, souveraineté et catastrophe. L?ontologisation de la crise et la philosophie du présent

FRANCISCO NAISHTAT

Diogène

Presses Universittaires de France

Lugar: París; Año: 2010

0419-1633

Je désire faire brièvement référence aux mouvements sociaux et aux actions collectives de la dite postmodernité, mais non pas tant pour relever quelque chose qui a été ressassé, c?est- à-dire, comment la fin du récit historiciste a eu un impact, par rétro alimentation herméneutique, sur le mode fragmentaire des formes de subjectivation des collectifs et sur l?absence de totalisation, mais plutôt pour tenter d?extraire de ces actions et de ces mouvements une quelconque inhérence sur l?espoir. Si dans ceux-ci on observe déjà une séquence qui va de l?idée de sujet de l?histoire à la relativité structure-acteur, pour déboucher finalement sur la notion de positions de sujet (Laclau et Balibar, 2010) , dans lesquelles les sujets collectifs apparaissent sous le mode de la contingence et de son irréductible pluralité, nous pouvons voir dans le cadre de la mondialisation un autre phénomène, consistant en des formes de protestation qui ne passent plus seulement par les luttes pour les différences et la reconnaissance, mais par le retour en boomerang d?une ancienne forme du collectif, qui est la lutte pour l?égalité ou, en termes rancériens (Rancière, 1998), sinon balibariens (Balibar, 2010), la « vérification agonale de l?égalité » sur les scènes du conflit, dont l?expression et la grammaire sont les luttes des « sans » : « sans travail », « sans terre », « sans papiers », « sans toit », etc., d?un mode qui ne manque pas d?évoquer de manière discontinue et indirecte, les luttes de la plèbe et des prolétaires romains, les révoltes paysannes et des pauvres au début des villes-état européennes, comme l?insurrection de Thomas Münzer en Allemagne, celles des niveleurs anglais au XVIIe siècle, celle du »manifeste des Égaux » à la fin de la Révolution française.