Lire le corps. Les programmes de ballet de Noverre et la polémique du ballet pantomime (1773-1777)

VALLEJOS, JUAN IGNACIO

Analele Universitatii Bucuresti Istorie

Editura Universitatii din Bucuresti

Lugar: Bucarest; Año: 2009 p. 5 - 18

1220-0255

Le programme de ballet ainsi que le ballet pantomime, en tant que forme spectaculaire, commencent à être produits dès le début du XVIIIe siècle. Dans cet article nous nous centrerons sur la fonction que le programme de ballet occupe dans la dynamique de représentation du ballet de Jean-Georges Noverre et nous analyserons la place de cet objet dans la polémique qui a opposé le compositeur français à l’italien Gasparo Angiolini. Contrairement aux textes qui ont pour fonction la description des spectacles après sa mise en scène comme les livres de fêtes, les programmes de ballet sont distribués avant la représentation de la pièce. De cette manière, ils semblent remplir une fonction spécifique dans le mécanisme de la représentation, essayant d’instaurer une lecture particulière de la pièce. Pour cette raison, selon Goudar et Angiolini, le programme de ballet constitue, en soi, une admission d’insuffisance expressive du ballet. Autrement dit, si l’on a besoin de lire un texte pour comprendre ce qui se passe sur scène on admet indirectement qu’une pantomime ne peut pas représenter par ses moyens un récit de façon claire. Or, pour le cas des programmes étudiés ici, nous verrons qu’il est aussi question de créer et d’encourager une certaine sensibilité du spectateur face à la scène. Les programmes remplissent ainsi plusieurs fonctions en ce qui concerne la dynamique de la représentation du ballet pantomime. Ils offrent au compositeur la possibilité de s’adresser au public ; ils servent de support aux polémiques entre les compositeurs ; ils sont vraisemblablement liés à un intérêt économique ; et jouent enfin un rôle très important dans la réception de la pièce puis qu’ils vont jusqu’au point de « faire voir » aux spectateurs-lecteurs des actions qui resteraient invisibles pour ceux qui ne les ont pas lus.