“Egalité entre pairs dans les réseaux ? Certains sont plus égaux que d'autres. La coopération scientifique dans les réseaux internationaux : une approche par l'Amérique Latine”

KREIMER, PABLO; MEYER, JEAN-BAPTISTE

París

Simposio; Colloquium on Research and Higher Education Policy; 2006

UNESCO

L’importance de la connaissance dans la société contemporaine est aujourd’hui admise de façon consensuelle même si la priorité à lui accorder reste en question (Bindé 2005, Carton et Meyer 2006). La recherche, effectuée pour une part essentielle dans les universités, est l’activité majeure de production de cette connaissance. On attend de celle-ci de façon chaque fois plus pressante qu’elle contribue à un développement durable de l’ensemble de l’humanité et de la planète (Panorama du Développement Durable 2005). Pourtant, les risques ne cessent de s’alourdir et la situation de se détériorer, à l’échelle globale et plus particulièrement dans les pays en développement (Panorama du Développement Durable 2004). Une raison fondamentale réside dans le désajustement des capacités de recherche, principalement concentrées au nord, qui éloigne celle-ci des préoccupations de développement les plus aigues perçues dans le sud. La coopération scientifique internationale pourrait contribuer à résoudre ce déséquilibre mais, de fait, n’y parvient guère. Le présent chapitre aborde ce problème en partant du constat suivant : la recherche scientifique et son rôle dans le développement ont pris, en effet, une importance accrue. Pourtant, il n’existe de nos jours qu’une production assez rare et récente de la part des scientifiques et intellectuels des pays périphériques sur les problèmes de développement. Une hypothèse forte d’explication sera ici émise à ce propos. L’inadéquation (abstract relevance¸ Kreimer and Zabala, 2007 de la recherche locale périphérique vis-à–vis des problèmes sociaux, économiques et environnementaux n’est pas un phénomène purement extérieur à l’espace de la science, à l’instar de ce que montraient certaines analyses classiques, par exemple, par concernant l’incapacité des acteurs industriels à s’approprier des connaissances localement produites. Elle est liée, au contraire, aux pratiques scientifiques elles mêmes, fortement déterminées par les modalités de coopération internationale provenant de la recherche émanant du centre. En ce sens, il peut y avoir pertinence scientifique mais impertinence sociale, cette contradiction étant résumée dans le terme ‘abstraite’.