« Artes daemonum. Illusion et distorsion dans l'imagination comme effets du pouvoir démoniaque chez Johann Wier (XVIe siècle) »

GARCÍA JONATAN GASTÓN

Río de Janeiro

Congreso; 13) 37ème Congrès de l'Association des Sociétés de Philosophie en Langue Française (ASPLF) «L'imagination»; 2018

Association des Sociétés de Philosophie en Langue Française (ASPLF)

Le discours démonologique des débuts de la modernité européenne se rapporte à une diversité des potentialités qui composent les arts des démons. Liée à la rhétorique et aux contenus à travers lesquels cette connaissance est articulée, l´illusio ne constitue qu´une de ces puissances. En effet, à l?époque du Canon Episcopi (c. IXe ? Xe siècle) il est déjà fait mention de cette potentialité particulière, en faisant allusion à certaines femmes séduites par les illusions et la fantasmagorie des démons.De cette façon, l´illusion, la tromperie, les distorsions dans l´imagination et même la folie étaient invoquées dans le discours démonologique produit par la haute culture théologique comme les effets les plus fréquents de ces puissants arts démoniaques. Celles-ci agissaient à la manière d´une actualisation de ces potentialités, c´est-à-dire de la manifestation de leurs facultés et de l´extériorisation de leurs pouvoirs sur l´âme ou la raison.Ces notions ont été récupérées par un courant critique au sein de l´ensemble des voix qui articulaient le discours démonologique, un courant sceptique atténué. Dans cette ligne, nous pourrions situer la pensée du docteur Johann Wier (1515 - 1588), l´un des intellectuels les plus reconnus de la ainsi nommée witchcraft theory au début de l´Europe moderne. Dans son ouvrage le plus célèbre, De praestigiis daemonum et incantationibus ac ueneficiis, Wier ne nie pas la puissance du diable, mais, au contraire, grâce à une originale et inhabituelle combinaison d?arguments philosophiques, juridiques, naturel-scientifiques et théologiques, il défendit les soi-disant sorcières du pouvoir inquisitorial, mettant en question aussi bien l´idée du pacte que celle faisant référence aux transferts de pouvoirs maléfiques.Dans ce travail, mon objectif sera donc de recomposer cette argumentation en analysant les modalités de fonctionnement de ce dispositif discursif. Pour ce faire, je vais axer l´analyse en particulier sur la puissance des artes daemonum sur les facultés cognitives des sujets, dont les effets les ont perturbés, les ont rendus torsionables et les ont soumis à des représentations et à des éléments imaginaires diaboliques.