Le Rassemblement des Silencieux de l'Eglise (1970- 1978) : un activisme civilisationnel

HUMBERTO CUCCHETTI

Seminario; Seminario Histoire et sociologie du catholicisme contemporain; 2018

SECTION DES SCIENCES RELIGIENSES ; ECOLE PRACTIQUE DES HAUTES ESTUDES SORBONNE

La littérature française destinée à comprendre les transformations du catholicisme après Vatican II a abordé les espaces et réseaux engagés dans le processus de politisation entamé entre la guerre d´Algérie et la fin des années 1960. Ces travaux mettent en lumière un vaste horizon de mobilisations et de causes, soutenues par divers mouvements (gauche radicale, tiers-mondisme), ainsi que leur effritement depuis la moitié des années 1970, en pleine période « antitotalitaire ». La configuration d´un courant anti-conciliaire a également mérité l´attention de quelques travaux sur sa capacité de mobilisation et d´impact sur l´opinion publique, et sur ses relations privilégiées, au milieu des années 1980, avec le Front national. Or, et à quelques exceptions près, tout un catholicisme conciliaire de droite, composite et souvent diffuse, n´a pas été suffisamment étudiée. Pourtant ses acteurs et ses répertoires sont tout autant attachés à l´idée de tradition qu´animés par un esprit contestataire. Ces acteurs-là reprennent à leur compte la notion conciliaire de « peuple de Dieu » dans une acception hiérarchique et traditionnelle. C´est le cas du Rassemblement des Silencieux de l´Eglise (RSE), fondé en 1970 par un groupe de militants et intellectuels catholiques, et animé par Pierre Debray (Sadi Louis Victor Couhé, 1922- 1999). Jusqu´à leur affaiblissement au cours de la deuxième moitié des années 1970, les Silencieux impulsent un ensemble d´actions, de débats et de polémiques extrêmement importants et représentatifs au sein de l´Eglise de France.