INVESTIGADORES
PAGLIONE Horacio A.
artículos
Título:
Le 'May argentin'. Des lectures de la Nouvelle Gauche jusqu'au Cordobazo
Autor/es:
PAGLIONE, HORACIO
Revista:
Matériaux pour l´histoire de notre temps
Editorial:
B.D.I.C.
Referencias:
Lugar: Paris; Año: 2009 p. 85 - 92
ISSN:
0769-3206
Resumen:
Eric Hobsbwm a signalé que la révolte des étudiants de la fin des années 60 fut globale. Parce qu´elle s´inscrivait certainement dans la tradition de l´internationalisme révolutionnaire mais aussi car, pour la première fois, le monde était réellement global. "Les mêmes livres apparaissaient, presque simultanément, dans les librairies estudiantines de Buenos Aires, Rome et Hambourg ; [...] les mêmes touristes de la révolution traversaient des océans et des continents, de Paris à La Havane, Sao Paulo et la Bolivie [... ] les étudiants des dernières années soixante n´avaient pas de difficulté pour reconnaître que ce qui arrivait à la Sorbonne, à Berkeley ou à Prague faisait partie du même événement, dans le même village global...". En effet, l´Argentine fit partie de cette fièvre. Et il eut bien, à sa façon, un "68 Argentin", bien qu?il fut quelque peu plus prolétaire et plébéien que les 68 Européens. Cette révolte a certes ses racines bien implantées dans les traditions de lutte des travailleurs, des étudiants et des intellectuels argentins, mais elle ne peut se comprendre hors de son cadre international. Le "68 argentin" a certainement son propre tempo et, un peu comme le ?chaud automne? italien, se déclenche seulement en 1969. C?est en mai de cette année qu?il explose avec la grève des travailleurs et des étudiants de la ville de Cordoba, connue sous le nom de "Cordobazo". Le péronisme comme les forces de la gauche traditionnelle argentine réfrénèrent la réception du Mai français. La culture politique du péronisme n?encourageait pas les attentes de changement en provenance du premier monde. Elle avait aussi une image négative des étudiants. Et si elle avait une affinité, ce serait plutôt avec le gaullisme avec lequel elle partageait un certain nationalisme anti-américain. Quant aux communistes argentins, ils évitèrent autant que possible le sujet, se limitant à traduire l?analyse négative de Roger Garaudy. De sorte que la rapidité avec laquelle les textes du mouvement de mai, les interventions de Daniel Cohn-Bendit ou les analyses de figures comme Sartre, Gorz, Mandel et Marcuse, étaient traduits et diffusés en Argentine, pose un certain nombre de questions. Il apparaît nécessaire de se pencher sur toute une série de voies alternatives de réception. Bien que les éditeurs anarchistes et trotskistes aient joué rôle important, c?est le travail des maisons indépendantes de la nouvelle gauche qui se distingue. Ces maisons éditoriales ont fait connaître les textes, mais aussi les graffitis, les affiches et les photographies des barricades et des combats de rue. Ainsi, elles ont fortement contribué à fixer un imaginaire du Mai français dans la mémoire des Argentins. Or, les journées du Cordobazo ont enregistré des scènes semblables de fraternité entre travailleurs et étudiants, de grandes manifestations, de combats de rue contre les forces de l?ordre, de barricades et de jeunes lançant des projectiles. Aussi, dans la mémoire des hommes et des femmes des années 60, les images du Mai français se sont sur-imprimées sur celles du Cordobazo. Ainsi, dans le registre journalistique de l?époque, de même que dans la mémoire de ses protagonistes, le Cordobazo a souvent été nommé ?le Mai argentin?.