Manières de gérer la précarité en emploi. Lorsque la migration croise les parcours des travailleurs autonomes argentins

LORENA POBLETE

Université Paris-Diderot, Paris, Francia

Congreso; 3ème Congrès de l'Association Française de Sociologie; 2009

Association Française de Sociologie

Pendant les années 90, au sein d´un processus plus large de dérégulation du marché du travail argentin - qui inclut à la fois la réforme du Code du travail et une sorte de flexibilisation de facto produite par la dérogation au droit du travail -, la catégorie « travailleur autonome » s´avère un outil clé pour produire davantage de flexibilisation, mais elle introduit également une forme de précarité en emploi inédite. Grâce à l´utilisation extensive de cette catégorie, de nombreuses relations de travail qui ne revêtent pas véritablement le caractère d´indépendant peuvent être requalifiées comme « autonomes ». Ceci a pour conséquence majeure le transfert de l´ensemble des risques et des responsabilités relatifs à la situation de travail vers le travailleur. De par son statut, le travailleur autonome doit assumer seul ses propres cotisations sociales et l´irrégularité de son insertion au marché du travail, même si parfois il n´est pas en mesure de le faire. Or, ces travailleurs sont contraints de mettre en place différentes stratégies servant à gérer cette nouvelle forme de précarité en emploi. L´objectif de cette communication est d´analyser, à partir de l´histoire de vie d´une famille argentine de classe moyenne, la manière dont la gestion de cette nouvelle forme de précarité en emploi bouleverse et restructure les rapports familiaux, en dessinant en même temps de parcours de vie improbables tels que celui du travailleur principal émigrant. En effet, le modèle de l´homme pourvoyeur qui émigre à un pays étranger pour faire vivre sa famille élargie représentait jusque-là, pour les classes moyennes argentines, un parcours fort invraisemblable.