INVESTIGADORES
FRANCO Marina
artículos
Título:
Exil et terrorisme d’Etat en Argentine : les images de l’exil dans le discours politique des militaires
Autor/es:
FRANCO, MARINA
Revista:
Les cahiers de l'Amérique Latine
Editorial:
Université Paris 3, Sorbonne Nouvelle
Referencias:
Lugar: París; Año: 2006
ISSN:
1141-7161
Resumen:
Résumé Fondée sur la Doctrine de la Sécurité Nationale (DSN) et la théorie française de la guerre contre-révolutionnaire, la dictature militaire argentine des années 70 a tenu un discours visant à l’élimination des ennemis politiques conçus comme « subversifs ». Grâce à la répression la plus violente et les pratiques répressives les plus dures de l’histoire du pays, le terrorisme d’Etat a abouti à éliminer toute activité des organisations armées et de l’opposition politique. Cette répression avait commencé bien avant le coup d’Etat de 1976 et, une fois les militaires au pouvoir, au cours des trois premières années de dictature ils sont arrivés à supprimer toute activité sociale ou politique de résistance. Les moyens choisis sont bien connus : la disparition forcée de personnes, la torture, la séquestration, la mise en place d’un système de camps de détention, l’assassinat et la dissimulation des corps, etc. Cependant, dès 1977 à 1979, alors que la répression la plus violente se terminait, les militaires argentins ont commencé à dénoncer une sorte de « campagne anti-argentine » menée par les agents de la subversion internationale, parmi lesquels les gouvernements sociaux-démocrates européens, des organisations humanitaires du monde entier, les comédiens français Simone Signoret et Yves Montand, le journal Le Monde et la secrétaire du Département de Droits de l’Homme du Président Jimmy Carter, aux Etats-Unis. Néanmoins, pour les militaires argentins, les responsables essentiels de cette campagne étaient surtout les exilés argentins vivant à l’extérieur (au Mexique, en Espagne, en France, etc.). A partir de ce moment, les exilés ont été la cible d’un discours militaire dénonçant la subversion argentine réfugiée à l’extérieur. Il présentait une image « diabolisée » des émigrés politiques : ils ne seraient que de terroristes profitant de bonnes vacances en Europe et leur but serait de détruire le pays par le biais d’une image négative faite de fausses dénonciations. Cette opération idéologique a été effectuée par les militaires eux-mêmes, mais aussi par la presse écrite pour le grand public – par des journaux soit complètement favorables au pouvoir autoritaire, soit moins engagés mais également obéissants. De cette manière, au cours de ces années, les exilés sont devenus « l’autre négatif » comme  les « guérilleros » l’étaient au début de la répression. Ainsi, une fois éliminé l’ennemi intérieur, la représentation du pouvoir autoritaire a son nouvel ennemi : un ennemi intérieur mais placé à l’extérieur et aidé par les réseaux terroristes internationaux. Il s’agit donc du même discours politique de la DSN qui a besoin de se construire des ennemis pour maintenir sa légitimité auprès d’une société qui, elle aussi, a apporté son soutien au pouvoir répressif. Cet imaginaire négatif sur les exilés a survécu jusqu’à leur retour : ils ont en effet souffert d’une stigmatisation due à leur séjour à l’étranger pendant les années de la dictature.