La longue marche de la formation professionnelle en Argentine: le rôle des syndicats

CLAUDIA JACINTO

Tunis

Congreso; XXI congrès des sociologues de langue française; 2021

AISLF

L’une des originalités de la formation professionnelle argentine tient notamment à la place cruciale qu’y tiennent les syndicats dont certains détiennent leur propre réseau de centres de formation. Ce positionnement spécifique résulte du rôle qu’a tenu la représentation des salariés lorsque la formation est devenue un véritable enjeu sociétal, soit au cours des années 1940 marquée par une arrivée de Perón au pouvoir coïncidant avec des changements structurels de l’économie argentine. Se mettent alors en place trois voies qui, aujourd’hui encore, selon des modalités évidemment différentes, coexistent : l’Éducation technique placée sous la responsabilité du ministère de l’éducation ; des centres de formation professionnelle, dans la continuité des anciens « cours d’arts et métiers » et placés, à l’époque, dans l’orbite d’une nouvelle Commission nationale de l’apprentissage et de l’orientation professionnelle ; et enfin relativement peu si nombreuses, des « écoles-usines » combinant temps de travail et temps de formation et soutenues alors par le gouvernement péroniste. Cette communication analysera la régulation d’un ensemble de dispositifs qui ne relève pas d’une gouvernance néo-corporatiste telle qu’elle prévaut sous différentes formes en Europe et dont la plasticité lui permet de bousculer les frontières souvent trop rigides entre formations initiales et continues. Les syndicats en sont des acteurs clés en partenariat avec l’Etat ; mais les liens avec le marché de travail (formations vers le salariat formel ou l’autoemploi et l’informel) et avec les parcours éducation-travail (remédiation ; transitions éducation-emploi des jeunes ; formation des travailleurs dans un rapport tripartite) sont souvent en tension.